Le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, a réagi avec fermeté à l’interpellation de Pape Malick Ndour, coordonnateur de la Convergence des Cadres Républicains (CCR), appelant les autorités à rompre avec les pratiques répressives du passé et à faire preuve de davantage de tolérance envers l’opposition politique.
Une interpellation qui ravive le débat sur les libertés politiques
L’arrestation de Pape Malick Ndour, survenue à la suite de propos tenus lors d’un rassemblement politique, a suscité de vives réactions au sein de la classe politique et de la société civile.
Pour Seydi Gassama, cette décision judiciaire rappelle des méthodes d’un autre temps et soulève la question du respect des libertés d’expression et d’opinion au Sénégal.
« Les propos tenus par Pape Malick Ndour lors de ce rassemblement ont souvent été tenus par les opposants au président Abdou Diouf et au président Abdoulaye Wade sans qu’ils ne soient poursuivis ni emprisonnés, lorsque des actes ne suivent pas les paroles », a rappelé le défenseur des droits humains.
Une continuité des pratiques répressives
Seydi Gassama souligne que cette tendance à criminaliser la parole politique s’est renforcée au cours des dernières années.
« C’est sous le régime de Macky Sall que ces infractions ont été utilisées pour criminaliser l’opposition politique et éliminer ses adversaires les plus sérieux », a-t-il déclaré, estimant que le nouveau pouvoir a la responsabilité de rompre avec cette logique.
Pour le directeur d’Amnesty International Sénégal, les autorités actuelles doivent impérativement se démarquer des méthodes anti-démocratiques qui ont marqué la vie politique du pays.
« Le régime actuel doit rompre avec ces méthodes et être plus tolérant envers son opposition. Il a tout à gagner en adoptant cette attitude », a insisté M. Gassama.
Un appel à consolider la démocratie sénégalaise
Au-delà du cas de Pape Malick Ndour, Seydi Gassama met en garde contre le risque d’un recul démocratique si les libertés fondamentales continuent d’être restreintes au nom de la stabilité politique. Il rappelle que le Sénégal a bâti sa réputation internationale sur la vitalité de son pluralisme et la liberté de ses acteurs politiques et sociaux.
Pour Amnesty International, la démocratie ne saurait s’accommoder de l’intimidation judiciaire ou policière à l’égard des voix dissidentes.
« La tolérance politique et le respect des droits civiques ne sont pas une faiblesse pour un régime, mais une preuve de maturité et de confiance dans ses institutions », conclut Seydi Gassama.
Dans un climat politique encore marqué par les tensions post-électorales, cet appel à la modération et au respect des libertés apparaît comme un test majeur pour le nouveau pouvoir, appelé à prouver qu’il entend réellement rompre avec les réflexes autoritaires du passé.

