Le climat s’échauffe autour de l’affaire dite de la « dette cachée ». Me Pierre-Olivier Sur, coordonnateur du pool d’avocats de l’ancien président Macky Sall, a lancé un avertissement solennel à l’administration sénégalaise, ce jeudi, lors d’un point de presse à Dakar. Il dénonce le refus persistant des autorités de transmettre plusieurs rapports officiels jugés essentiels à la défense de son client.
« Nous n’avons toujours pas reçu les rapports de la Cour des comptes, de l’Inspection générale des Finances (IGF) et celui du cabinet Forvis Mazars. Or, ces documents sont fondamentaux pour la vérité et la transparence », a affirmé l’ancien bâtonnier du barreau de Paris, devant un parterre de journalistes.
« Nous n’allons pas faire de procès à l’État, mais… »
S’il se défend de vouloir entrer dans une logique d’affrontement, Me Sur a tenu à prévenir fermement :
« Il n’est pas question pour nous de faire de procès à l’État. Nous intervenons dans une continuité de l’État, mais dans le respect de ce qui a été fait avant. Et si nous n’avons pas ces documents, nous engagerons une réponse à la non-réponse de l’administration, graduée et dont vous entendrez parler, je vous assure. »
Une phrase lourde de sens, perçue comme un ultimatum juridique adressé aux autorités sénégalaises.
Des rapports au cœur de l’affaire de la « dette cachée »
Ces trois rapports — celui de la Cour des comptes, de l’IGF et de Forvis Mazars, un cabinet d’audit international — sont présentés comme des pièces clés pour comprendre la genèse et la structure de la dette publique sénégalaise accumulée sous la présidence de Macky Sall.
Les avocats de l’ancien chef de l’État estiment que leur absence entrave la défense et empêche de « rétablir les faits dans leur exactitude ».
« Ces rapports permettront de savoir ce qui relève de la gestion de l’ancien gouvernement et ce qui a été requalifié depuis. Sans eux, on entretient une zone d’ombre contraire à la justice et à la vérité », a insisté Me Sur.
Un dossier sensible politiquement
L’affaire de la dette dite cachée, qui agite le paysage politique depuis plusieurs semaines, porte sur des engagements financiers supposés non déclarés pendant la présidence de Macky Sall. Certains opposants y voient une responsabilité directe de l’ancien chef de l’État, tandis que ses soutiens dénoncent une instrumentalisation politique.
La défense, elle, appelle à la transparence totale et accuse certaines institutions de retenir volontairement des éléments d’information.
Entre droit et politique, la tension monte
Cette sortie médiatique de Me Pierre-Olivier Sur, connu pour son ton ferme et sa rigueur juridique, marque un tournant dans la stratégie de communication du camp Sall. Elle intervient alors que la polémique enfle dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Pour plusieurs observateurs, cet avertissement traduit l’exaspération du pool d’avocats face à ce qu’il considère comme des obstacles administratifs.
« C’est une manière de mettre la pression sur le gouvernement tout en maintenant le discours institutionnel : pas d’attaque directe, mais une fermeté de principe », analyse un juriste sénégalais.
À ce stade, ni la Cour des comptes ni l’IGF n’ont réagi publiquement aux déclarations de Me Sur.
Mais une chose est sûre : l’affaire de la dette cachée, déjà explosive, vient de franchir un nouveau palier de tension politique et judiciaire au Sénégal.

