À Kafountine, dans le département de Bignona, la problématique de l’état-civil reste une réalité criante : plus de 5 000 habitants ne disposaient pas, jusqu’à récemment, d’actes officiels de naissance. Un chiffre alarmant révélé dans le cadre des audiences foraines initiées par le Plan Diomaye pour la Casamance, une initiative gouvernementale visant à régulariser la situation administrative de milliers de citoyens du Sud du pays.
Si la crise casamançaise a longtemps été considérée comme la principale cause de cette carence administrative, les enquêtes menées sur le terrain ont mis en lumière d’autres facteurs, notamment la négligence parentale dans la déclaration des naissances.
« Il faut être clair : il y a une négligence au niveau des parents », a affirmé Moustapha Diatta, lors de l’audience foraine tenue à Kafountine.
« Des enfants vont jusqu’au CM2 sans extrait de naissance. Cette audience permettra à beaucoup d’entre eux d’obtenir enfin leurs papiers », a-t-il ajouté, saluant cette opération comme une bouffée d’oxygène pour les jeunes privés d’identité administrative.
Même constat du côté de l’adjoint délégué du quartier de Kéronane, Élie Bana Diatta, qui a rappelé que le conflit et les déplacements de population ont amplifié un phénomène déjà ancien.
« Beaucoup de gens ont été déplacés à cause de la crise, et cela a entraîné des oublis ou des abandons dans les démarches d’enregistrement. Mais il faut aussi reconnaître que certains parents ont tout simplement négligé ces formalités essentielles », a-t-il regretté.
Il plaide, comme d’autres acteurs locaux, pour la pérennisation des audiences foraines, afin de permettre à tous les citoyens concernés de se régulariser.
Le maire de Kafountine, David Diatta, a salué l’engagement du gouvernement dans cette campagne d’envergure.
« Avec les statistiques que nous avons, plus de 3 000 nouveaux actes de naissance ont été enregistrés, s’ajoutant aux 2 000 cas recensés en décembre 2024 et mars dernier. Nous avons donc largement atteint notre objectif local », a-t-il déclaré, soulignant le soutien du président de la République Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre dans la mise en œuvre de cette politique.
Au-delà des chiffres, cette régularisation marque une étape cruciale vers l’inclusion citoyenne. En obtenant enfin leurs extraits de naissance, des milliers de Kafountinois pourront accéder à une carte d’identité, s’inscrire à l’école, voter, ou encore bénéficier de services sociaux de base.
Pour le maire, l’enjeu dépasse la simple formalité :
« Cette opération, c’est redonner une existence légale à nos concitoyens. C’est leur permettre de vivre pleinement leur sénégalité. »
À Kafountine, la bataille de l’état-civil semble enfin engagée — une bataille pour la reconnaissance, la dignité et l’appartenance à la République.

